Séjour de Catherine, Lydie, Marcel et Patrick du mardi 12 avril au mardi 26 avril 2016.
6ème contact,
Dimanche 24 avril
9 h : Les filles vont à la messe à la chapelle du coin. Marcel se détend à la maison pendant que Patrick et Tony vont visiter le chantier d’une maison voisine.
Après midi, détente pour tous, certains se reposent, d’autres font une marche à pieds.
Lundi 25 avril
Nous descendons à Jacmel acheter l’artisanat chez Charlotte. Elle est en froid avec le maire car elle se bat pour faire nettoyer la ville et cela l’attriste beaucoup.
Nous prenons un agréable repas avec Emma et Tony à Caye Jacmel. Un petit moment de détente et nous rentrons préparer nos bagages.
Demain, envol à 14 h 35 vers la France.
Nous remercions chaleureusement Tony et Emma de leur accueil et de leur disponibilité grâce à laquelle toutes les actions Ti’Moun peuvent exister tout au long de l’année.
Ci-dessous, un petit mot d’Emma et de Tony.
« C’est toujours avec plaisir que nous accueillons les membres de l’association. Tout le monde peut constater que par rapport aux différentes activités menées, Ti’Moun est bien connue et active pour 90 % de la Vallée. A travers les réunions organisées, on sent qu’il y a une motivation au travers des enfants parrainés et dans le cadre du développement rural. Nous souhaitons bon retour à Catherine, Lydie, Marcel et Patrick… Et à bientôt pour une nouvelle équipe. »
Emma et Tony
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5ème contact
Jeudi 21 avril
9 h : réunion à Ridoré avec frère Valmyr pour faire le point sur la formation en agro-développement. La partie théorique se termine fin juin, la pratique finira un peu plus tard et sera fonction des plantes en culture. Le frère Valmyr nous dit « les enfants sont mordus par ce qu’ils font ». Ils prennent volontairement sur leur temps libre des après-midis et samedis et ils ont même pris 6 jours sur les 18 jours de vacances scolaires de printemps pour l’entretien des cultures. Les horaires sont étudiés pour que des jeunes scolarisés ailleurs puissent quand même suivre cette formation. C’est ainsi que 2 jeunes de philo de l’école secondaire de Ternier pourront suivre la formation après leurs cours. Frère Valmyr voudrait pour l’an prochain développer un peu plus l’introduction à l’élevage. Il va aussi chercher à obtenir des vaccins pour les porcs, impossible à trouver actuellement.
14 h : nous prenons la route de Lavial, une route de montagne où il faut parfois manœuvrer 2 ou 3 fois pour prendre un virage. C’est une zone qui a été très reboisée depuis 6 ans. Nous voyons de nombreux manguiers chargés de fruits mais aussi quantité de mangues qui pourrissent sous l’arbre. La réunion avec les enfants parrainés est annulée car ils ne sont pas venus à cause du risque de pluie évident, plusieurs ont une rivière à traverser. Nous allons voir le poulailler de Jean-Claude où sont élevés les poulets distribués dans le cadre du projet. C’est une installation très convenable.
16 h : réunion des bénéficiaires du projet « développement rural » de Lavial. 52 sont là dont une grande majorité de femmes. Julio fait un long discours, retraçant l’historique et les objectifs du projet. Nous ressentons une forte demande pour les porcs. Ceux déjà distribués n’ont pas donné les résultats escomptés toujours à cause de la maladie (Techine). Nous leur conseillons d’adopter le modèle qui marche très bien dans la zone de Jean Rabel. De nombreuses personnes demandent à bénéficier de semences ou animaux qu’ils n’ont pas encore eus. Jevela, jeune femme dynamique, responsable d’un groupe, prend la parole pour mettre chacun devant ses responsabilités. Son discours est apprécié, elle a une bonne influence.. Nous leur demandons aussi d’être patients, solidaires et de revoir certains points de leur organisation. Julio a toute son importance dans ce domaine. Il constate, conseille et fait profiter, aux uns et aux autres, des plus belles réussites. A notre questionnement, tous confirment le voir souvent. Une dame qui réussit bien, propose ses services pour aider les autres. Une autre nous explique que si ses parents avaient eu la même aide elle n’en serait pas là.
Quelques phrases citées :
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Ce projet permet d’aller de l’avant.
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Les légumes aident beaucoup et permettent de payer l’école.
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Vous prenez des risques pour venir nous aider et nous ne restons pas assis.
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Merci de nous aider à améliorer le quotidien.
Quelques exemples :
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J’ai vendu un poulet pour acheter des poules pays
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Une dame nous a apporté des tomates de son jardin dans un joli petit panier
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Une autre nous montre sur son portable des photos de son potager
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Une jeune femme qui avait 15 pieds de poivrons en a vendu pour 900 gourdes (15 €), elle a eu aussi des pois souche
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Une autre personne a reçu 2 marmites de pois souche, elle en a mangé, vendu 7 marmites et redistribué à des amis
Le rencontre se termine, le temps menace, plusieurs personnes viennent nous remercier personnellement. Réunion animée mais belle réunion, indispensable pour lisser les différences et régler certains problèmes rapidement.
Nous voyons que chaque zone a ses particularités. Elles sont complémentaires les uns des autres. Ternier ne peut se développer que s’il s’intègre dans un ensemble composé de multiples compétences et former ainsi un ensemble cohérent. Exemple : les porcs de Ternier peuvent être nourris avec les mangues de Lavial en échangeant celles-ci contre les pistaches de Ternier qui ne peuvent être cultivées à Lavial…
Vendredi 22 avril :
9 h : nous essayons en vain d’envoyer le 4ème contact. Le réseau internet coupe sans arrêt. Nous remettons cela à plus tard. La veille, il y avait du réseau mais coupure d’électricité.
10 h : nous distribuons les chamallos aux élèves de l’école CIO.
11 h : nous allons au marché de Ridoré. Marché haut en couleur, beaucoup de déballages, peu d’acheteurs. Côté marché à la viande, âmes sensibles s’abstenir. Il n’y a que quelques mètres entre les animaux vivants et les animaux dépiécés.
13 h : visite à Joseph, trésorier de Codéva. Nous faisons le point sur l’organisation de Rénato concernant les consultations du docteur René et son équipe. Le partenariat avec Ti’Moun l’encourage à continuer ses actions à la Vallée. Codéva envisage une action de contrôle dentaire dans les écoles. Pour les aider dans cette action, nous aurons besoin de dentifrice et de brosses à dents pour le prochain conteneur.
15 h : réunion avec les responsables du comité de gestion des risques de la Vallée, Julio l’agronome et les 2 professeurs de la formation agricole. Nous reprenons point par point le projet développement rural pour faire le bilan et voir les ajustements à apporter pour le projet 2016. Ils souhaitent la continuité dans les grandes lignes. Le professeur Emmanuel nous reparle de l’introduction à l’apiculture. Du matériel récupéré chez les apiculteurs qui ont arrêté leur activité pourrait faire partie du prochain conteneur. Nous remarquons une belle cohésion dans cette équipe, se consultant les uns les autres, soucieux de trouver des solutions pour apporter un soutien aux plus démunis, genre école Waterloo.
Nous rentrons à la maison du bonheur pour faire nos valises et partir sur Jacmel.
Samedi 23 avril :
9 h : nous partons pour Port au Prince. Nous arrêtons chez Eligène. Nous lui achetons du Gommier. Ensuite nous passons chez Gisèle acheter l’artisanat. Il était temps car nous finissions nos achats lorsqu’un groupe d’une vingtaine d’Américains est arrivé. Après eux le choix aurait été restreint. De la cour de chez Gisèle, nous arrivons enfin à envoyer le 4ème contact. En ressortant de là, nous achetons quelques tableaux exposés sur le trottoir puis nous allons au rendez-vous avec les parrainés de Port au Prince chez sœur Altagrace. 69 jeunes étaient présents malgré une chaleur étouffante, plus de 35 ° à l’ombre, sans vent en plus de la pollution. Parmi ces jeunes, deux jeunes filles, Gaëlle et Christana viennent d’obtenir le diplôme d’état d’infirmières. Gaëlle a déjà trouvé du travail. Un jeune homme Christavin prépare sa thèse en géologie. Il a pris la parole et a fermement défendu la protection de l’environnement à travers le reboisement et la propreté. Nous recommandons aux jeunes d’être particulièrement prudents dans Port au Prince. En effet Frédeline a ses deux frères entre la vie et la mort à l’hôpital suite a une agression par balles pour un portable. Certains jeunes échangent en privé avec Catherine en fin de réunion. Nous avons aussi le cas de deux fillettes et leurs familles encore sans abri.
Après cette réunion, retraversée de Port au Prince pour rentrer à Jacmel. Il fait presque nuit à notre arrivée et nous sommes bien fatigués.
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4ème contact
Mardi 19 avril : 6h, visite chez Wilner. Nous trouvons une famille éprouvée suite au décès de leur fille. Nous l’incitons à rejoindre un groupe du développement rural, lui qui était si dynamique y trouvera une place.
9h : Nous faisons la distribution de pain d’épices et de lait dans les deux classes du jardin d’enfants et la classe de 1ère année de CIO. Tous sont ravis.
9h30 : intervention en classe de philo (terminale) toujours sur le développement de la Vallée. Après un départ timide devant des élèves moroses quant à leurs avenirs et celui de la Vallée, nous ne tardons pas à voir les visages s’éclairer et les premières questions arriver. L’intervention devient vite passionnée, argumentée par Jean Baptiste (membre du comité et professeur chez les frères), nos chiffres et nos notes. Ils aperçoivent des possibilités d’avenir qu’ils ne soupçonnaient même pas. L’intervention a finalement duré plus long que prévu et ils sortent en nous remerciant.
11h30 : même intervention en classe de Réto (1ère) avec là aussi un début hésitant. Rapidement 2 jeunes sortent du lot et s’impliquent vigoureusement dans le débat. L’un pour défendre le terroir en souhaitant que tous consomment des produits locaux plutôt que du riz américain, ou du « roucou » plante locale plutôt que du concentré de tomates, ou encore des épices du jardin plutôt que des cubes à soupe. L’autre ne voulant pas entendre parler d’agriculture si décriée par tous en Haïti. Il nous dit « Je ne vais tout de même pas devenir agriculteur et me faire mépriser toute ma vie ». En fin d’intervention, ce jeune a compris qu’une nouvelle agriculture était possible et que les comportements devaient changer à l’égard des agriculteurs. Deux autres jeunes ont demandé s’ils pouvaient être intégrés à la formation en cours en agro-développement.
14h : tous les jeunes ayant eu des lunettes viennent nous remercier et nous montrer qu’elles sont vraiment belles et bien adaptées. Nous demandons au responsable lunettes de préparer d’autres ordonnances.
15h30 : réunion avec les bénéficiaires du développement rural de la Zone de Ternier. Malgré la pluie, 68 personnes sont présentes alors que certaines ont une heure de marche à pied pour rentrer. Nous commençons par une prière, coutume haïtienne, dite par un membre de l’assemblée puis plusieurs personnes se lèvent tour à tour afin de nous remercier «anpil » pour avoir mis en place cette action. Julio rappelle les principes de ce projet puis les échanges commencent.
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une dame nous explique avoir reçu une demi livre de pois souche nouvelle génération et en avoir récolté 12 livres soit 24 fois plus. Elle est ravie et en a redistribué à plusieurs voisins.
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Un homme nous dit attendre patiemment l’attribution d’un porc (ce sera dans quelques jours) pour travailler et redistribuer à son tour.
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Une jeune femme qui a reçu 2 mesures de pois souche de sa voisine nous fait savoir qu’ils sont en fleurs.
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A Tuff, 21 porcelets ont été redistribués. Leur objectif est de 100. Marilyne qui travaille à la maison du bonheur a bénéficié de cette redistribution.
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Une redistribution de cabris a eu lieu à Bas Ternier.
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Plusieurs souhaitent faire vacciner leurs animaux mais ils ne trouvent plus de vaccins.
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Une dame a vendu son porc malade mais bon pour la boucherie pour en racheter un autre qui lui a donné 7 petits. Elle en a redonné un, un autre est mort, il lui en reste 5.
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Un autre bénéficiaire remercie Julio l’agronome pour les bons conseils qui lui a donné à distance.
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L’ânesse de Carline est en gestation, souhaitons que ce soit une femelle, elles sont si difficile à trouver.
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Dans la zone Jean-Rabel, une femme se lève chaque jour à minuit pour descendre à la source et attendre son tour car le débit est si petit qu’il faut une heure pour remplir un seau de 30 litres. Ils espèrent qu’un jour ils auront un forage et une pompe.
Dans cette zone de Ternier, la récupération de semences a aussi commencé. Jean Baptiste conseille de planter quelques pieds de légumes à l’endroit où ils se lavent le matin. Vilco termine en recommandant de ramasser les papiers dans leur environnement. Nous remarquons que tous sont très enthousiastes. Nous les quittons en les encourageant.
6 h : descente à la source Silete pour constater l’amélioration du sentier mais le transport de l’eau sur la tête reste toujours très physique. Au retour, nous rencontrons un jeune qui nous fait visiter son jardin. Nous lui donnons quelques conseils d’entretien et de multiplication des tomates. Il est ravi.
11 h : nous allons à l’école secondaire classe de 8ème année pour récupérer les échanges scolaires destinés à Saint-James. Au bureau de Tony, nous rencontrons les deux jeunes venus s’inscrire, auprès de Julio, à la formation en agro-développement. Ils commencent lundi prochain.
14h30 : visite de la pépinière de la source Boursiquot située au fond d’une vallée difficile d’accès. Sur une parcelle d’environ 1000 m2 louée jusqu’en septembre, (location renouvelée d’année en année) et entretenue par Andrée, nous trouvons deux planches de semis de caféiers qui donneront 4 à 5 mille plants. Ils sortent à peine de terre, seront repiqués en sacs dans quelques jours et distribués dans 4 mois aux familles. Julio estime que 80 % iront à l’âge adulte. Il faut 20 à 25 pieds pour faire « vivre » une famille. Ces deux variétés fructifieront dans 2 à 3 ans. Nous trouvons aussi des planches de poireaux, aubergines, tomates, poivrons issus des collectes de graines. Ici « graines de l’espoir » prend toute sa signification. Les graines de carottes seront distribuées dans les semaines à venir.
A côte de ce terrain, nous trouvons la parcelle des jeunes de la formation en agro-développement. Cette parcelle de bonne terre profite elle aussi du ruisseau qui coule de la source Boursiquot. Les 35 stagiaires étaient présents. Beaucoup s’expriment pour nous dire combien ils sont contents et plus particulièrement un des plus jeunes qui nous dit avoir chez lui toutes sortes de légumes. Le terrain d’environ 3000 m2 divisé en deux par le ruisseau, possède d’un côte un abri de 10 m2 en cours de construction, des planches de semis et une zone de repiquage. Beaucoup de choux ont déjà été cueillis. De l’autre côté, la parcelle est plantée pour moitié de choux qui sont superbes et l’autre moitié de tomates (700 pieds environ) qui font déjà 50 cm de hauteur mais malheureusement, ils sont tous touchés par le mildiou et devront être arrachés. C’est un échec qui permet de tirer des leçons : ne plus repiquer de tomates dans ce vallon, d’autres plantes s’y plairont très bien et faire les semis de tomates à la fin de la saison des pluies. Julio prend note de ces remarques.
16 h : nous allons à Ridoré pour la réunion avec les membres du comité. Mais à cause des pluies violentes la réunion est annulée.
16 h 30 : réunion avec les grands parrainés à l’école secondaire. 105 jeunes étaient présents. Nous avons reparlé de l’importance de l’école. Nous constatons que les échecs de certains sont dus à un manque de travail ou d’organisation et nous leur conseillons de créer d’autres groupes de travail comme les 3 déjà existants. Nous reparlons du développement de la Vallée et des métiers qui pourront en découler. Nous reprenons une phrase entendue les jours précédents « je ne veux pas être paysan pour être humilié toute ma vie ». Un jeune n’a pas hésité à dire qu’il est fils de paysans et qu’il en sera toujours fier. Il veut devenir technicien agricole.
Le soir : Après le repas, nous essayons avec Tony et Emma de comprendre l’organisation de la Vallée : zones, quartiers, habitations. Habitation correspond chez nous à : petit village, hameau. Ainsi, la maison du bonheur se trouve à ……la Vallée de Jacmel, …..2ème section : Ternier,…… quartier : Bas Ternier,….. Habitation : Lano !
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3ème contact:
Dimanche 7h45
Départ pour la messe de Ridoré animée par les élèves de l’école secondaire de Ternier. Puis visite du château d’eau qui a été fragilisé par le séisme et doit être détruit. Nous voyons aussi de belles demeures construites par des Haïtiens qui reviennent au pays pour passer leur retraite.
L’après midi, descente sur Jacmel pour rencontrer les parrainés et leurs parents chez « les femmes décidées ». Nous rencontrons Marie-Ange et Myrline. Nous reprenons les mêmes thèmes que pour les autres réunions de parrainés. Participation active des enfants. Nous repartons avec de nouveaux chefs poubelles. Ce sont des enfants désignés responsables du ramassage de « fatras » autour de leurs maisons. Une attention particulière sera donnée par les parents à leurs enfants à l’heure des leçons. Les femmes décidées accueillent toujours dans une grande maison protégée, des femmes, des enfants et des jeunes filles victimes de violences sexuelles (www.fanmdesidehaiti.org)
Nous passons la soirée chez Emma et Tony à Jacmel.
Lundi matin, retour à Ternier. 9h30, visite à l’école de Paulette pour remettre les échanges scolaires de l’école de Rocheville et pour rencontrer les élèves de 3ème année qui ont eu 2 poulets il y a 2 semaines. Tous vont bien à part de rares exceptions. Puis nous rencontrons les élèves de 4ème année qui ont eu 2 poulets l’an dernier. Nous avons fait les mêmes visites à l’école des frères de Ridoré. Pour ceux qui ont eu des poulets il y a un an, quelque-uns sont morts, d’autres ont été mangés et certains vendus, par exemple chez Paulette : 2 pour acheter des chaussures, 1 pour acheter un petit cochon, 2 pour des cabris et 3 pour acheter des poules créoles. D’autres les ont gardés pour les œufs. Chez les frères, 14 les ont mangés, 6 ont mangé des œufs, et 4 autres les ont vendus pour acheter vêtements, chaussures, poulets créoles, cabris. Chez Paulette nous sommes aussi allés voir les toilettes que Ti’Moun a financées. Elles sont bien conçues et propres. Puis nous allons voir la cuisine qui elle aussi est propre et bien rangée.
11h30: Intervention dans la classe de seconde de l’école secondaire de Ternier pour évoquer le développement économique de la Vallée. Nous sommes appuyés par Jean-Baptiste et le professeur. Très bonne participation et écoute attentive.
15 h: rendez-vous à l’école professionnelle de Ridoré. Nous rencontrons les 30 jeunes de la classe de 8ème année et les 5 grands jeunes de la formation en agro-développement. Ils étudiaient la culture en pots et l’arrosage du poivron. A la question : êtes-vous intéressés par cette formation ? Réponse rapide et unanime OUI. Avant, ils n’avaient pas de potager chez eux, maintenant plusieurs en ont.
16 h: rencontre avec les membres du comité de gestion des risques de la Vallée, l’ingénieur agronome Julio et les responsables des 10 groupes. Réunion extrêmement intéressante. Il faudrait plusieurs pages pour la résumer. Nous ne citerons que les points forts.
— La culture maraîchère fonctionne très bien pourvu que le choix des semences corresponde à la zone de culture.
— redistribution de porcs : jusqu’à 21 porcelets avec la même truie dans la zone Jean Rabel de Ternier.
— Vente de poulets pour financer d’autres besoins.
— A Petite Brésilienne : 3 marmites de semences de pois souche nouvelle génération ont permis une récolte de 25 marmites.
— A Bas Ternier un porc a permis le rachat de 3 cabris ou à Petite Brésilienne, un verrat adulte (7500 gourdes) a permis le rachat de 2 cabris et d’un petit porc femelle.
— A Lavial, un monsieur qui n’avait pas d’argent pour acheter des pois souche a reçu des pieds des tomates dans le cadre du projet de développement rural. Il en a mangé beaucoup, en a vendu pour 3500 gourdes (environ 60 euros) du jamais vu pour lui. Et il lui en reste encore à cueillir.
Nous vous citons aussi quelques phrases entendues :
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dame âgée nous dit : « j’ai mangé tellement de tomates que je suis devenue rose »
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un autre nous dit : « le projet permet déjà de recapitaliser chez les paysans »
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un autre encore : « dans le quartier, plus personne n’achète au marché »
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et aussi « les gens marchent sur la voie du progrès »
Nous avons aussi remarqué plusieurs demandes d’arachides et d’ignames pour les zones arides. Certains souhaitent essayer l’élevage de lapins. Ils utilisent le moringa pour l’élevage du cochon. Ils récupèrent déjà certaines graines et nous demandent à nouveau de faire attention aux hybrides.
Cette réunion va nous permettre d’ajuster certains points évoqués.
Fin de réunion à 18 h bien fatigués.
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2ème contact
Vendredi 15 avril
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8 h : Rencontre avec les élèves de la classe de 3ème année de l’école primaire Iménés Ogé (CIO) de Ternier. Nous prenons des nouvelles des poulets distribués il y a 2 semaines. Tous les enfants sont enthousiastes, apparemment un seul poulet est mort sur les 112 distribués. Tous espèrent avoir un jour des œufs.
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8h30 : Rencontre avec les élèves de la classe de 4ème année de l’école CIO qui ont reçu un poulet il y a un an. Même question mais réponse plus furtive. Beaucoup sont morts et peu ont été mangés. Mais les réponses sont spontanées et collégiales concernant les bonnes récoltes dans les jardins (tomates, carottes, poireaux…)
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9 h : intervention en classe de 3ème de l’école secondaire de Ternier concernant le développement de la Vallée. Échanges nombreux et constructifs.
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10 h : même intervention dans la classe de 9ème année. Ils écoutent avec le même intérêt mais les échanges sont plus difficiles.
Après ces interventions, nous attendons que la pluie soit moins drue pour regagner la maison du bonheur.
De retour à la maison du bonheur, nous rencontrons Antoinus et Jean-Gardy les responsables de l’activité cinéma. Il y a environ une trentaine de spectateurs à chaque séance. Celles-ci ont lieu tous les 15 jours, sont gratuites et ouvertes à tous.
Un autre responsable d’activité nous attendait. M. Cédois, responsable lunettes. Marcel lui en remet 30 paires emmenées dans nos bagages. Ces lunettes ont préparées d’après ses diagnostiques. Elles seront essayées avant notre départ.
En début d’après midi, visite du centre de loisirs : 50 jeunes voire plus participent aux activités du vendredi après l’école : dominos, cartes, jeux de Homme….
Ensuite visite à des familles parrainées. Nous observons deux « belles basses-cours » : poules, dindons, pigeons. La maman d’Evenson est fière de nous montrer les pieds de tomates obtenus à partir de graines qu’elle a récupérées dans ses tomates. Nous la félicitons et l’encourageons à continuer et à le faire savoir.
Tout près nous échangeons avec un paysan en plein travail dans son champ. Il arrache les touffes d’herbes de Guinée qui sont éparpillées sur la parcelle pour les repiquer et les regrouper dans un coin. Elles serviront à l’alimentation du bétail. La parcelle ainsi libérée sera semée de maïs et pois souche.
Dans une autre famille, plus de 30 poules, poulets, poussins s’affairent autour de la maison, dont les deux poulets distribués récemment aux élèves de 3ème année de l’école CIO. Ils sont en pleine forme. A proximité, il y a 5 planches de semis bien protégées pour ne pas être dégradées par les volailles.
L’évolution de ces familles va pouvoir servir d’exemple à ceux qui commencent.
Samedi 16 avril.
Il a plu pendant la nuit mais à notre lever elle a cessé et le temps est moite.
8 h : Avec Julio et Jean Baptiste, nous (Lydie, Patrick, Marcel) visitons le jardin d’un jeune, Wayen, qui a 14 ans et qui fait partie des 30 élèves de la classes de 8ème année associée à la formation agricole. A côté de sa maison, dans le bourg de Ridoré, le terrain de 50 m2 était inexploité. Maintenant il y a des choux, des betteraves rouges et des tomates. Ils n’ont pour l’instant travaillé que sur le semis et repiquage de ces légumes. Nous allons ensuite à Lamothe, un quartier de la Vallée de Jacmel où nous avons un groupe de bénéficiaires, voir la parcelle d’un des trois premiers grands jeunes inscrit à la formation agricole, Ernestso, 26 ans. Par un chemin long et abrupt nous arrivons à une parcelle d’environ 800 m2 à flanc de coteau et à 200 m d’une source. Sur cette parcelle, ses parents lui ont laissé 150 m2. Nous voyons nettement la différence. Ce jeune cultive sur billons perpendiculaires à la pente, retenant l’eau pour stopper le ravinement. Nous retrouvons choux, betteraves rouges et tomates. Malheureusement des traces de mildiou sont déjà présentes : (vallée humide et ombragée). Nous faisons le point avec Julio.
Ensuite, nous rendons visite à un des formateurs, Emmanuel, pour voir son champ de polyculture. Nous y allons aussi pour voir (et oui Bernard) des ruches. Emmanuel exploite avec les moyens du bord, 20 ruches genre Voirnot avec des hausses non standard, le tout en très bon état. C’est clairement un apiculteur confirmé, il pratique la division d’essaims, fabrique ses ruches et a l’intention d’initier des jeunes pour répartir des ruches dans chaque zone de la Vallée. Il a déjà planté des arbres mellifères : moringas et campèches. C’est un formateur précieux pour notre formation en agro-développement.
Prévue à 9 h, Tony, Catherine et Carlo démarrent leur réunion à 8h30 car la salle est déjà pleine. Les enfants de 3ème et 4ème année sont là avec leurs parents. Près de 200 personnes. Un point est fait sur les services rendus. Des changements sont apportés pour mieux faire face aux besoins de la maison du bonheur. Tony et Catherine sensibilisent les enfants comme les parents sur la propreté des abords de leurs maisons. Les enfants acceptent avec plaisir d’être « les chefs poubelle de la famille ». Ensemble il est décidé que le 1er mai, journée de l’agriculture sera aussi celle du nettoyage des terrains et de plantations. Ils rappellent que Miss Céline, Miss Casimir et Rénatto consultent à la maison du bonheur tous les 2ème mercredi du mois. Ils sont là pour les enfants mais aussi pour tout problème de santé de la famille. Tony et Catherine rappellent aussi aux enfants comme aux parents que l’école est importante, qu’il est nécessaire que les parents suivent leurs enfants et échangent avec les professeurs. Ils leur conseillent de prendre une heure pour s’asseoir à côté des enfants lorsque tous font leurs devoirs. La réunion se termine par des poésies, des chansons des enfants et des parents. Les réunions suivantes à 14 h avec les parents et les enfants du jardin d’enfants et de 2ème et 1ère année et celles de 16 h avec ceux de 5ème et 6ème année se sont faite sur le même thème et le même intérêt pour les 120 et 90 personnes présentes.
A 11 h, avec toute l’équipe, réunion des responsables d’activités. Nous faisons un point avec chacun et nous mettons à jour sa fiche action. Un exemplaire lui est donné. Il faut rappeler que tous ces responsables, managés par Tony, sont indispensables au bon déroulement de toutes ces actions qui se déroulent parfaitement. Nous finissons à 14h par un pot de l’amitié dans la bonne humeur et reprenons nos activités de l’après midi sans pouvoir prendre le temps de manger.
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1er contact
Après un début de voyage un peu perturbé, le passage des contrôles à Orly se fait sans problème : embarquement et vol (direct) sur un A 330 d’Air Caraïbe se passent au mieux.
L’arrivée à Port au Prince se déroule normalement. Nous constatons qu’un bon nombre de touristes débarquent en même temps que nous. Nous acquittons la taxe de séjour nouvellement instaurée. Nous sommes comme à l’accoutumée très sollicités par les porteurs de bagages. Tony ne tarde pas à arriver. Nous partons immédiatement vers Jacmel. La traversée de Port au Prince est toujours un moment fort en émotions : des kilomètres de déballage au milieu des détritus, porcs et cabris errants…, mais lorsque que nous arrivons chez Tony et Emma à Jacmel nous découvrons un havre de paix luxuriant : bananiers, papayers, avocatiers, caféiers… un beau jardin potager, et en prime silence et panorama. Difficile d’imaginer qu’il y a 9 ans c’était encore une friche abandonnée. Quel bel exemple ! En soirée, nous essuyons un orage avec beaucoup de pluie.
Mercredi matin, nous partons vers Ternier. Le superbe pont n’est toujours pas raccordé à la route. Les petits tronçons non finis de la route qui va à la Vallée ne tarderont pas à se dégrader. Patrick et Lydie constatent que depuis leur dernier voyage en 2007, la végétation a bien progressé. Le nombre d’animaux a aussi considérablement évolué.
Fin de matinée, visite du jardin près de la pompe avec Carlo, responsable services rendus et jardins. Un seul mot, parfait : pieds de tomates en grand nombre, betteraves rouges, choux, aubergines, poivrons, puis visite de la parcelle des semis. Là aussi, grande satisfaction : tomates, choux, betteraves rouges, aubergines… sortent de terre. Les légumes qui sortent de ce jardin serviront à nourrir les enfants de la cantine de l’école. Les semences proviennent des différentes collectes des graines de l’espoir.
Sur le chemin du retour, nous rencontrons Vilio et nous parlons de ses poules, ses caféiers, et autres arbres fruitiers.
L’après midi, rencontre avec les responsables du comité de gestion des risques de la Vallée et le père Valmyr. Nous reprenons point par point le contenu du projet « développement rural » ainsi que le contenu de la formation en agro-développement : échange clair, précis et professionnel avec de bonnes remontées d’informations.
Jeudi matin, avant le petit déjeuner, balade à proximité de la maison du bonheur. Nous avons compté sur une vision à 180° et un rayon de 300 m, 6 vaches, 2 chevaux, 1 mule et plusieurs cabris. Tout près, autour d’une maison, nous apercevons plusieurs poules variées, dindes et dindon. C’est une évolution considérable.
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A 9h, visite des classes de Mme Thomas. Nous ressentons le lourd poids de la pauvreté et de notre impuissance. Nous parlons avec les enfants bénéficiaires du programme « distribution de poulets » : dialogue compliqué, résultats en demi-teinte difficiles à analyser. Quelques bons résultats sont quant même à noter par exemple : Gaella a maintenant 2 poules qui pondent, Enickson lui a 2 coqs, d’autres ont été vendus ou mangés chez Jean-Marie, Lindo, Diana et quelques autres. Affaire à étudier.
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Visite à l’école nationale, classe de 3ème année. Ambiance nettement différente. Les poulets récemment distribués (2 semaines) sont à leurs dires tous en formes. Aucun sont « mouri ».
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Rencontre avec les élèves de 8ème année de l’école secondaire de Ternier pour leur remettre les documents transmis par leurs correspondants de Saint James.
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Puis intervention dans les classes de 7ème et 8ème pour les sensibiliser aux différents moyens de développer la Vallée et discussion autour des métiers qui pourraient découler du tourisme et de l’agriculture. Nous les faisons réfléchir sur le fait qu’un emploi touristique créé génère plusieurs emplois :
– dans le transport : Tap-tap, taxis, bus, chauffeur, garagiste…
– dans la restauration : cuisinier, serveur, approvisionnement alimentaire, boucher, boulanger…
– dans les métiers d’art pour les souvenirs : peintre, sculpteur, potier…
– guide touristique
– dans l’agriculture
Nous les avons ensuite amené à réfléchir sur le développement rural de la Vallée et de l’importance de la formation agricole pour réussir dans ce domaine. Ils ont été très intéressés par les informations que nous leur avons présentées notamment par les chiffres des importations alimentaires d’Haïti.
Heureusement que nous avions terminé nos interventions car une pluie intense s’est abattue faisant un bruit infernal sur les tôles des classes de l’école.
Le programme de l’après midi a été modifié à cause de cette pluie. En fin d’après midi, nous sommes allés constater que les semis n’avaient pas soufferts.